24 novembre 2023
Le père, le fils, et la mère des enfants.
Le père, le fils, et la mère des enfants.
Ce fils, que cherchait-il à fuir ou à prouver ? Était-il en quête d’une reconnaissance impossible à obtenir de son père envahissant ? Se sentait-il inférieur ou indigne face à ce modèle exigeant ? Avait-il besoin de compenser par une réussite éclatante ce qu’il percevait comme un manque d’amour ?
Quoi qu’il en soit, il s’était isolé dans ses études à l’université, refusant toute distraction qui aurait pu nuire à son objectif. Il voulait briller, impressionner, éblouir. Il y parvint, la réussite fut brillante et suscita l’admiration de tous. Sa mère s’en réjouit. Son père se tut, impassible ; il n’était pas du genre à exprimer ses sentiments ou sa fierté.
Mais ce fils restait tourmenté par un désir inassouvi qui le hantait régulièrement : celui de voir son père s’émouvoir, s’incliner, s’émerveiller, celui de lui faire verser quelques larmes d’acceptation, de compréhension, d’humilité, puis de voir son visage s’éclairer, illuminé par la fierté et la joie.
Ce moment n’arriva jamais.
Un échange, même bref, au-delà des banalités sur le temps, le sport ou les affaires, lui aurait fait tant de bien. Il l’aurait libéré de ses doutes.
Il n’eut jamais lieu.
Après la mort de son père, il se consacra encore plus à son métier passionnant. Il devint l’un des meilleurs dans son domaine. Et il négligea quelque peu sa famille. Des journées chargées, des soirées aussi, et parfois des week-ends. En somme, peu de temps pour sa femme et, par ricochet, pour ses enfants.
Sa femme, elle, dirigeait une boutique avec succès. Elle se montrait très compréhensive. Pour elle, la qualité des contacts primait sur la quantité. Des petits restaurants en amoureux de temps à autre, des courts séjours à la côte belge, sans trop s’éloigner : des petits bonheurs qui lui suffisaient.
« Toujours plus » n’était pas sa devise.
Elle était amoureuse. Avec le temps, son amour avait évolué de la passion à la tendresse ; éros avait cédé la place à philia, et pour elle c’était bien ainsi.
Mais son mari, lui, était-il heureux ?
Ce fils de son père allait-il comprendre face aux épreuves de la vie et accompagner sa femme différemment dans le futur ?
Texte inspiré d'histoires verbalisées en thérapie et photos© José Hubert, une œuvre de Marc Hubert, sans titre, n’est-t-elle pas le reflet d’un processus d’épuration ?
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