A propos de l’Art, de la création, d’un état d’esprit créatif
A propos de l’Art, de la création, d’un état d’esprit créatif
Eric-Emmanuel SCHMITT dans son roman : « Le défi de Jérusalem, Albin Michel pages 14 et 15 : « L’activité artistique m’a rendu platonicien et m’a conduit à saisir la justesse de la théorie qu’expose Platon sur les idées innées, quand il démontre que Socrate Jeune n’apprend pas au garçonnet à inventer la notion de triangle, mais à la DECOUVRIR. De même que le philosophe grec soutenait que les idées préexistent quelque part… (…) Jeune, on croit qu’on CREE. Mûr, on comprend qu’on observe… ».
L’art est une forme de connaissance qui nous permet de découvrir des aspects cachés de la réalité. L’artiste n’est pas un créateur au sens strict, mais un observateur attentif qui révèle ce qui existe déjà, mais qui n’est pas perceptible à nos sens dans un état de conscience ordinaire.
Mais pour observer, il faut avoir envie de voir. Et d’aller au-delà en regardant, en scrutant. L’artiste est animé par un enthousiasme renouvelé qui le pousse à chercher sans relâche la beauté, la vérité, le sens. S’en approche-t-il ? C’est en tout cas, sa quête. L’artiste ne se contente pas du superficiel, il veut aller au fond des choses, quitte à remettre en question ses propres certitudes. L’artiste est un rêveur qui ne se résigne pas à la médiocrité, qui laisse libre cours à ses intuitions, mais qui aspire à l’excellence. Il va représenter parfois visuellement, parfois invisuellement : il observe, rassemble, connecte, parfois structure différemment, parfois déstructure... et transmet.
Eric-Emmanuel SCHMITT nous amène à comprendre l’importance fondamental du travail acharné – en tout cas, pour lui – et en ce sens, il rejoint Jacques BREL que j’ai cité précédemment et qui ne croyait pas au talent mais plutôt au travail : “On réussit une seule chose : « On réussit ses rêves”. “Le talent ça n’existe pas : c’est d’avoir envie de faire quelque chose”. Jacques Brel.
L’artiste est un travailleur qui ne se repose pas sur ses acquis, mais qui se remet en question et se perfectionne sans cesse.
L’art est donc une recherche non scientifique qui conduit à des dévoilements, des révélations, des découvertes. Il exige du désir et du travail. L’artiste est celui qui nous fait partager sa vision du monde, qui nous fait voyager dans son univers, qui nous fait ressentir des émotions, qui nous fait réfléchir. L’artiste est celui qui nous enrichit et nous élève. L’artiste est celui qui nous rend plus humains.
On ne sait jamais qui a raison ou qui a tort
« C’est le même marteau qui sert à certains pour tout démolir,
alors que d’autres l’utilisent pour construire !»
« On ne sait jamais qui a raison ou qui a tort. C'est difficile de juger. Moi, j'ai longtemps donné raison à tout le monde. Jusqu'au jour où je me suis aperçu que la plupart des gens à qui je donnais raison avaient tort ! » Raymond Devos.
C'est une évidence évidente. « C'est pas moi, c'est l'autre.... ».
En foot, « c'est toujours de l'arbitre de la faute! », à l'école, « c'est de la faute de l'enseignant ! » pas toujours, mais trop souvent.
Et dans la vie, au quotidien, il y a des causes à des comportements - c'est parfois clair- mais pas toujours, car l’inconscient sait y faire pour nous mener pas le bout du nez, sans qu’on s’en rende compte..
Et bien plus souvent, il existe des prétextes conscients ou inconscients pour maintenir sa « consistance » aux yeux des autres… toute la différence entre être et paraître.
Mais cette construction de façade est fragile. Quand elle s’effondre, les dégâts sont énormes.
Je pense qu’on peut avoir recours à l’art pour réfléchir et plus encore, pour méditer!
« L’art est fait pour troubler, la science rassure », voilà une très belle interpellation de Georges Braque.
L’art garde toujours sa fonction de questionnement sur le futile et l’essentiel en présentant un miroir qui accentue les incohérences. « Il faut bien comprendre que l’art n’existe que s’il prolonge un cri, un rire ou une plainte. » Jean Cocteau.
Et surtout n’a-t-on pas intérêt à sortir de sa poché intérieure son propre miroir, car un jour, face à « l’irrémédiable », on ne peut pas y échapper, on se retrouve à la croisée des chemins ? Texte et ©photo José Hubert.
« Vient un jour où on se retrouve nu et cru.
Il faut souhaiter à chaque humain ce décapage, si douloureux qu’il soit.
Vidé de ses chimères, grelottant, tout ramage et plumage arrachés, son cœur dépouillé devient un gouffre.
Place est faite, alors, pour la vérité. »
Ce jour-là, on a intérêt à le préparer, dans la plus grande sérénité.
« être adulte, c’est être seul, le savoir et l’accepter, c’est admettre qu’on est responsable de sa vie, de ses actes, de ses choix, ne pas incriminer les autres, le destin, la chance ou la malchance ». Sœur Emmanuelle.
Rêver, c’est déjà cela !
Les étoiles, yeux du ciel,
scintillent comme des diamants,
d’autant plus quand le ciel est sombre.
Elles émettent de la lumière,
c’est tout, mais c’est brillant.
Et certaines sont mortes depuis longtemps,
mais elles continuent à nous « éclairer »…
intellectuellement parlant.
Ou, à nous entretenir avec ou sans raison
dans une vie d’illusion
qui n’est plus qu’un leurre.
En tout cas, si nos yeux voient,
c’est grâce à la lumière.
Et pourtant, elle se déplace à 300 000 km à la seconde.
A la fois, cet éclat permet de voir
et, en même temps, nous trompe
par rapport à la prétendue instantanéité
entre la présence des éléments
qu’on prend le temps de regarder
et le fait qu’ils soient là, qui nous semble indéniable…
Parfois à tort !
Soit !
Ce matin dans mon jardin, un faisceau d’or”
a rendu plus lumineuse une verdure luxuriante.
Les puristes, spécialistes en la matière,
lui donneront une dénomination
sur laquelle tout le monde s’accorde,
en prenant comme référence le Petit Larousse.
L’artiste, lui, y découvrira la mise en scène de la beauté
qui est avant tout dans son regard.
C’est la lumière, qui éclaire notre environnement,
lui qui nous gratifie de son rayonnement lumineux,
et le fait éventuellement briller dans et à nos yeux
à la recherche d’émerveillement, encore et en corps,
nous invitant à toucher du regard
les perles célestes de nos nuits de rêve
c’est à espérer…, rêver, c’est déjà cela.
L'artiste est un explorateur, un découvreur, un concepteur au cours d'une quête transcendantale
« Si un artiste ne crée pas ce n'est pas un artiste c'est un copieur... un bon technicien... peut-être. Pour qu'il y ait art ou poésie c'est pareil il faut deux créateurs: l'auteur et le lecteur. Le mot créatif est trop utilisé en pédagogie; exemple: atelier créatif... méfiance pour moi l'art c'est un absolu. » Béatrice Libert, artiste et poète.
Un complément à ma réflexion antérieure.
Le vrai artiste n'est pas un copieur (on est d’accord). Quand il met en forme il me semble être dans un état de conscience non ordinaire qu'on pourrait appeler créatif (et qui, maintenant, est sans doute objectivable avec les technologies actuelles qui mesurent l'activité cérébrale). On pourrait trouver un autre qualificatif pour éviter la confusion : état de conscience ouvert, caractérisé par l’inventivité, l’imagination décuplée, l’originalité, des expressions novatrices, innovantes, géniales, productives, prolifiques, fertiles…. Et si des mesures de l’activité cérébrale au cours d’expression artistique permettent de définir des zones du cerveau spécifiquement actives à ces moments-là, ne pourrait-on pas qualifier ces états de conscience d’artistiques, tout simplement..
Ce que je voulais exprimer précédemment, c'est que tous les éléments "de base" "sont là", ils ont été créés et se sont transformés (nous sommes poussière d'étoile et rien ne se perd, rien ne se crée, tout est transformation).
Ces éléments, la "nature" se charge de les agencer, organiser, structurer, déstructurer depuis des milliard d'années.
L'Homme ne fait-il pas de même jusqu’à un certain point, et à sa mesure ; pour certains, dans un état d'esprit destructeur, pour d'autre dans un état d'esprit conservateur, pour d’autres, dans un état d’esprit progressif, et pour d'autres encore, beaucoup plus rares, dans un état d'esprit créatif, ou état d’esprit artistique caractérisé par une prédominance d’expressions générées par l’intuition, l’imagination, l’inspiration, et des capacités à laisser s’extérioriser la fantaisie, l’inventivité, l’innovation, l’originalité...
L’artiste n’est pas un copieur
Il est un explorateur, un découvreur, un concepteur
De son esprit singulier
Il fait jaillir des merveilles
Il n’est pas un simple technicien
Il est un magicien
De la matière et du temps
Il élabore des univers étonnants
Il n’est pas seul dans son aventure
Il a besoin de rencontres
De celui qui reçoit son message
Et qui le fait vivre à son image
Qui s’interroge
L’art n’est pas une activité banale
Il est une quête transcendantale
Il ne se réduit pas à un mot
Il est une tentative de toucher à l’ absolu
Il l’approche, ne l’atteint pas.
"La justice", oeuvre de Marc Hubert.
Art et esprit créatif.
Doit-on parler de création en art ?
Ou plus exactement d’esprit créatif ?
Tout a été offert et est là à portée de main.
Il s’agit dans un état d’esprit créatif
D’assembler, de structurer,
Ou à l’inverse de déstructurer,
Pour faire voir le monde
Ou les choses différemment,
Et amener le spectateur
Devenu acteur
À les percevoir avec un regard nouveau
Comme si c’était la première fois
Libéré d’a priori,
De présupposés,
D’idées préconçues, de tabous,
De son savoir relatif,
Car même ceux qui savent le plus
Connaissent bien peu de chose
Par rapport à tout ce qu’il y a à savoir.
Là où le doute s’installe,
L’approche de la vérité a une longueur d’avance.
Je vous souhaite surtout d'être vous. Jacques Brel.
« Je vous souhaite de résister à l'enlisement,
A l'indifférence,
Aux vertus négatives de notre époque.
Je vous souhaite surtout d'être vous. » Jacques Brel.
« Quand on a envie de faire quelque chose on doit plonger comme un fou…
Et le faire quitte à se tromper.
Vivre sans avoir peur, ce n’est pas vivre. » Jacques Brel.
« Rien n’est plus méprisable que le respect fondé sur le crainte. » Albert Camus.
Dans la vie, mieux vaut avoir des remords
Que d’avoir renoncé à ses rêves par peur de l’échec
Que de s’être enfermé dans des tabous, des préjugés, des idées reçues
Que de s’être privé de sa liberté de mouvement et d’expression
Car les regrets nous hantent, nous rongent toujours
Et se traduisent par des « Si j’avais su… », « Si c’était à refaire… »
La peur n’est pas une ennemie, mais un message
Qui nous invite à nous adapter, à nous réorienter
Ce qui nous limite, c’est la peur de la peur
Ou la peur d’avoir peur d’avoir peur
Car la peur est souvent liée à des interdits
Hérités de la culture, de l’éducation
Qui ont voulu nous conditionner
Nous conformer à un moule convenu
Par des menaces et des sanctions
Au final, c’est le miroir qui nous juge
Et qui nous renvoie notre vérité
Pas les propos du peuple bienveillant
Ni la foule des juges sans pitié
Ceux qui savent tout sur tout
Sur base de rumeurs, de ragots, de croyances
Et qui se donnent bonne conscience
En méprisant nos forces, nos aspirations,
Nos tendances, nos défauts, nos limites
Le talent ça n’existe pas ?
La vie est à vivre !
« La vie est belle », proclame un slogan affiché en grandes lettres sur un tee-shirt, porté fièrement!
« Plus belle la vie », c’est le titre d’un feuilleton télévisé français.
Qu’en penser ?
Sont-ce des affirmations ou des questions ?
Sont-ce des expression de joie ou de dérision ?
La vie est belle, mais quelle vie ?
Celle qui nous éblouit ou celle qui nous déçoit ?
Celle qui nous élève ou celle qui nous asservit ?
La vie est-elle un don ou une prison ?
Est-elle un projet ou une illusion ?
La vie a-t-elle un sens ou est-elle sans raison ?
D’une part, on peut penser que la vie a un sens dont chacun l’investit selon sa situation et ses aspirations. Mais d’autre part, on peut se demander si fondamentalement la vie a un sens en soi, par et pour elle-même, indépendamment de nos choix et de nos actions.
La confusion ne règne-t-elle pas entre le sens qu’a nécessairement la vie en elle-même et celui dont on l’investit pour se rassurer ?
Quelle est votre avis ? La vie a-t-elle un sens unique et universel, a-t-elle un sens commun par et pour elle-même, dans sa diversité et sa complexité ? En tout cas, il ne s’agit pas de lui imposer un sens qui nous arrange, mais de la respecter et de l’apprécier dans sa richesse et sa beauté.
Je me permets de penser qu’elle n’est pas une énigme à résoudre, une contrainte à subir, mais, plutôt, une liberté à choisir, une sorte d’aventure à vivre : « La vie est à vivre ! ».
La vie est belle, si on la regarde avec respect et gratitude. Si on la savoure avec émerveillement, enthousiasme et plénitude. Si on la partage avec amour et solidarité.
Tout est transformation!
Tout est énergie, forces, tensions,
Dans l’univers et dans nos atomes.
Qu’est ce qui lie le corps
Et l’esprit, en harmonie… ou pas ?
Des vibrations génèrent des rythmes,
Produisent des sons.
La lumière voyage sans fin.
Des ondes peuvent se transformer
En images statiques ou dynamiques,
Dans deux, trois, quatre dimensions.
L’énergie circule sans limites
Entre nous et le monde.
Nous observons la réalité
Avec nos sens et les outils du moment.
Mais sont-ils suffisamment précis et subtils ?
Pour ne pas déformer le « réel »
Qu’ils tentent d’examiner ?
Rien ne se perd, rien ne se crée.
Tout se transforme et se renouvelle.
Quand notre corps s’éteint,
Et délaisse sa fonction de présence concrète,
Notre énergie ne s’envole-t-elle pas ?
Vers d’autres « contrées ».
Peut-être existe-t-il une autre dimension ?
Où nos forces libres de la matière
Se rencontrent, s’émerveillent et s’amusent
Dans un nouveau mode d’expression…
Sans corps à toucher, à imaginer,
C’est difficile à concevoir pour les matérialistes
Et pourtant, qui sait ? Texte ©José HUBERT
Tout d’un coup la réalité
Pressé par le temps qui passe et glisse entre les doigts
de ma main droite fermée sur elle-même
pour ne pas qu’il s’échappe,
… Illusion des illusions…
j’ai refermé le couvercle de mon piano de la main gauche…
Assis dans mes pensées,
j’ai coincé mes doigts
rongés par l’arthrose.
Douleur...
Tout d’un coup la réalité
de la condition de l’humain
m’a rattrapé
je me suis senti vivre
avec mes limites.
L’horreur...
mais je garde au fond de moi l’espoir d’un jour meilleur
où je pourrai retrouver la joie de faire vibrer les cordes
où je pourrai exprimer mes sentiments et mes douleurs
où je pourrai à nouveau être libre et fier de mes accords.