C’est une œuvre d’art…ce sont les autres.

Dans un musée, une galerie, le visiteur pressé n’y verra que du feu.
Le véritable regardeur qui examine et scrute, réfléchit, se concentre, contemple et médite verra dans une œuvre d’art ce qui est déjà en place dans son cerveau, soit dans l’expression possible de ses instincts, soit dans l’inconscient collectif – Jung – soit dans l’inconscient personnel notamment par refoulement ou répression – Freud, Lacan et leurs disciples.
Il peut s’agir soit d’un processus d’éveil d’éléments déjà conscientisés dans le passé, ou du réveil des profondeurs.
Ce sont les premiers pas vers la découverte sans, dans un premier temps, s’en référer au titre qu’a donné l’artiste si c’est le cas, ni à son histoire personnelle. Certains ne nomment pas leurs compositions laissant une liberté totale d’interprétation au spectateur, d’autres , au contraire, le font et insistent : « Une œuvre est terminée quand elle a un titre ». Dans le premier cas de figure, la rencontre est uniquement avec soi-même, l’œuvre sert de miroir ; dans le deuxième cas, c’est une proposition de rencontre, de chocs possibles entre le monde intérieur du spectateur et l’univers singulier de l’artiste, dès lors, des étincelles éclairantes sont susceptibles d’enrichir la connaissance du regardeur au-delà d’un simple savoir en plus, en touchant différemment l’émotionnel et non le rationnel ( ce qui est déjà le cas dans le premier type de rencontre).
Et plus rarement l’œuvre touche à l’universel, la rencontre est directe et touche en plein cœur, les mots écrits ou dits sont superflus.
J’ai envisagé la rencontre avec une œuvre d’art. N’en va-t-il pas de même de la rencontre avec l’autre ? En fait, ne constitue-t-elle pas le miroir dans lequel il n’est possible que de projeter ce qui est en soi dans la conscience limitée, et endormi dans un sommeil inconscient léger ou profond – répression, refoulement, pulsions de vie, de mort … Texte et photos© José Hubert, réflexion et oeuvre de Tapiès (Bozar, Bruxelles), Jung.