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José HUBERT, actualité et réflexions
16 août 2019

L’amour : de la passion au sacrifice en passant par la réjouissance !

L’amour :

de la passion au sacrifice en passant par la réjouissance ! 

José HUBERT

Docteur en kinésithérapie, psycho et somatothérapeute, sophrologue.

Ancien directeur technique de réadaptation, CHU Charleroi, ancien Maître de Stage ULB

Qu’est-ce que l’amour ? André Comte-Sponville, philosophe français, expose ce questionnement dans ses conférences, avec précision, avec des mots compréhensibles. Il l’a mis en forme et rehaussé d’images dans un carnet particulièrement élégant : « Pensées sur l’amour 1 » et dernièrement dans « Le sexe ni la mort2 ».

En introduction, l’auteur annonce la couleur : « l’amour est le sujet le plus intéressant 1 ».

La lucidité intellectuelle nous amène à constater et à admettre que notre langue française est parfois pauvre. Les mots « aimer », « amour » sont mis, sans nuances, à toutes les sauces : « j’aime ma maison, j’aime le sport, j’aime ma voiture, ma moto, mon vélo. J’aime ma femme ; j’aime mes enfants. J’aime mes frères ».

En français, le mot aimer est un mot qui n’est modulé que grâce à l’objet auquel il fait allusion. Ce qui est clair pour un objet, devient déjà plus ambigu quand cet objet, au sens phénoménologique, est un être humain qui devrait être confirmé en tant que sujet responsable et pas en tant qu’objet, ou sujet des désirs d’un autre.

Et voilà les intervenants dans ce fait ou phénomène d’aimer : un sujet avec ses désirs, ses envies, ses aspirations, ses pulsions inconscientes et un objet (sujet humain souvent) qui va être valorisé, libéré, dans le cadre et les possibilités de ses choix personnels ou qui va se laisser prendre au piège de l’intention ou du désir de celui qui dit l’aimer. C’est l’intentionnalité de la conscience des phénoménologues et l’énergie de la pulsion des psychanalystes.

Or donc il s’agit d’aimer, donc d’amour, mot nuancé chez les Grecs non pas obligatoirement, comme en français, par l’objet sur lequel il se projette en y attribuant la présupposition qu’on doit l’aimer de telle ou telle manière, mais par des termes au contenu propre : Eros, Philia, Agapè.

Eros : désirer ce qui manque donc accaparer parfois fusionner, puis s’ennuyer ou avoir peur.

Philia : se réjouir, accepter la puissance de l’amour, le plaisir sans passer nécessairement par la jouissance.

Agapé : donner pour donner, se sacrifier.

Introduction sous forme de métaphore

 

            L’histoire du chat qui aspirait à se comporter comme son maître parce qu’il lui semblait que celui-ci tirait des bénéfices et des plaisirs plus grands de son existence, que ceux générés par ses propres comportements naturels.

            Il faut savoir qu’en un temps primordial, au tout début de l’éternité, il n’existait pas de chats femelles ni de chats males, mais tous étaient double : ils avaient huit pattes, deux queues, deux faces, une, devant, une, derrière. Au contraire des chats actuels, ils avaient deux sexes : les uns deux sexes males, les males, les autres deux sexes femelles, les femelles, d’autres un sexe male et un sexe femelle.

 

Eros, selon Aristophane

 

           De suite, il s’agit de se rendre compte qu’Eros n’est pas le dieu de la sexualité mais celui de la passion amoureuse. La diversion métaphorique précédente est un clin d’œil au discours d’Aristophane relaté dans le fameux récit du banquet de Platon lors duquel sept discours sont présentés. Aristophane décrits les hommes et les femmes des temps d’avant le temps comme étant parfaits, à l’image des chats donnés en exemple plus avant. Les hommes-femmes étaient en cela particuliers puisqu’ils avaient un sexe d’homme et de femme, c’est ce qu’on appelle les androgynes représentant un tiers se l’humanité avant même le commencement. Cela fait déjà sans doute fantasmer plus d’un voire plus d’une. Ces êtres forts, qui se croyaient parfaits, entreprirent de s’en prendre aux dieux qui s’en référèrent alors au dieu des dieux, Zeus en vue de les faire exterminer. La décision tomba : garder les avantages de la situation c’est-à-dire tous ceux produit par la vénération et l’adoration des humains – temples, sacrifices, prières – en les rendant plus faibles. Tous furent couper en deux ce qui avaient comme bénéfice complémentaire de les rendre plus nombreux générant plus de temples, d’offrantes, de sacrifices.

         « Adieu l’unité perdue ! Adieu la belle complétude originelle ! » Comte Sponville, ce qui expliquerait notre quête éperdue de l’unité, de la moitié qui nous manque, notre désir de ce retour à notre nature première. Aristophane : « Quand donc un homme, qu’il soit porté sur les garçons ou sur les femmes, rencontre celui-là même qui est sa moitié, c’est un prodige que les transports de tendresse, de confiance et d’amour dont ils sont saisis : ils ne voudraient plus se séparer, ne fut-ce qu’un instant ! »

            Cela expliquerait l’homosexualité masculine et féminine, l’hétéro-sexualité, mais pas la bisexualité quoiqu’elle serait alors présente tant que l’être en question n’a pas trouvé sa juste moitié.

            Ce type d’Amour présenté par Aristophane, c’est l’amour rêvé, idéalisé, le « grand Amour », celui tel que nous voudrions qu’il soit ajoute Comte Sponville. C’est l’amour qui implique que je ne puisse désirer qu’une seule moitié et qu’il n’y en a qu’une – comment aller à sa recherche ?  C’est le seul amour possible de ma vie, avant, pendant et après : « ma moitié » perdue, à retrouver, à surtout ne pas perdre donc à avoir peur de perdre, donc à ne jamais quitter des yeux… à étouffer, sans doute ! Mais aussi à perdre en lui ma singularité puisqu’il est par essence fusionnel.

            L’amour a d’autres fondements et caractéristiques : on doit constater qu’on peut être amoureux plusieurs fois dans une vie, l’amour n’est pas exclusif,  l’amour n’est pas toujours définitif, le désamour est une expérience possible parmi d’autres ; l’amour devrait nous combler totalement, les constats quotidiens sont très éloignés des films et des romans à l’eau de rose ce qui sans doute expliquent leur succès, si c’était le contraire aurait-on besoin de cette mise en appétit vers l’idéalisation ? La fusion ne nous éloigne pas de la séparation, de la solitude et de leur corollaire possible le vécu difficile, voire pénible de la sensation de vide.

         L’amour fusionnel, un amour qui ne peut durer et qui est incompatible avec la réalité personnelle, sociale et économique communément admise par le plus grand nombre (la présence d’enfants même générés par amour, les habitudes, le temps qui passe, les soucis, le vieillissement…).

            Comte Sponville nous dit : « Aristophane nous trompe et se trompe… le discours est faux, mensonger, illusoire : c’est du pipeau ! ».  Il nous fait rêver – d’ailleurs, surtout les jeunes gens et les vieilles filles –, oui, mais pas les gens qui ont du vécu dans leurs bagages.

 

Eros, selon Socrate qui parle pour Platon

            Pour Socrate ce type de discours est beau mais spécieux, poétique, certes, mais hautement trompeur sauf pour « ceux qui savent à quoi s’en tenir ». C’est Diotime, une femme, qui révèle à Socrate la formule de l’amour : « Amour = désir = manque ».

Eros : l’amour par le manque, l’amour passion ; par définition, l’amour qui ne dure que tant que le manque n’est pas comblé.

Pour Eros, il faut donc un manque chez la personne susceptible d’aimer, et il ne faut pas aller loin pour l’objectiver ; tout simplement, s’arrêter, contempler nos semblables et se rendre compte à l’évidence que l’être humain naît être de manque. C’est ainsi et totalement inhérent à sa nature profonde. L’être humain est limité, sensible, fragile, vulnérable, peu libre, mortel.

Ouvrir les yeux, se réveiller, c’est le constater. Il a certes des particularités individuelles, capacités, compétences acquises ; certains les assument plus ou moins totalement.

Jusqu’à preuve du contraire, l’être humain demeure, sur terre, un homme dont le degré de liberté reste relativement limité en actes, sans doute beaucoup moins en pensée… l’admettre rend plus libre.

Qui n’a pas été un jour animé, souvent sans s’en rendre compte, par ce sentiment faux, furtif ou plus ou moins durable qu’à la seconde même, ses manques étaient ou allaient être comblés pour toujours par telle fille (ou tel homme) ou telle promesse, ou telle victoire (chez le sportif de compétition); coup de foudre, moment de jouissance parfois extrême, pas toujours toutefois, conduisant au plaisir, à un moment d’homéostasie vécu avec l’environnement, limité dans le temps. Moment de trouble, de perte de lucidité. Le retour sur terre est parfois douloureux.

Eros : « je ne désire que ce qui me manque ». Quand mon désir est satisfait, le moteur s’arrête. Il redémarrera avec la réactualisation d’un autre manque qui fondamentalement a les mêmes racines. De deux choses l’une: ou j’admets que je ne comblerai jamais mes manques, car ce ne sont que des nuances d’un manque profond, structurel caractéristique de base de l’être humain limité, ou je persiste dans ma croyance et mon comportement compulsif, en pensant que je trouverai autre chose ou un ailleurs qui me comblera ainsi durablement… Egarement, je me comporte comme l’âne qui reste attiré par la carotte qu’on l’empêche de manger en reculant, parviendrait-il encore à s’en saisir qu’il n’aurait pas satisfait sa faim de façon définitive.

« On ne désire pas le désirable. On déclare désirable ce qu’on désire 1 »J. de Bourbon-Busset.

    Eros renvoie, selon Platon, à : « Ce qu’on n’a pas, ce qu’on n’est pas, ce dont on manque2 ». Je t’aime parce que tu es l’objet de mon désir qui me servira à m’aimer moi-même... « C’est l’amour qui prend 2 ».

    Eros conduit immanquablement aux remords quand ce n’est pas à la frustration, voire au malheur. « Le secret de la passion et de la religion, c’est Eros 3 ». La passion ne dure que dans un mouvement vers l’avoir, la religion c’est la compensation au manque à être et à devenir : « Dieu est ce qui nous manque absolument 4 ».Eros, l’amour par le manque, est un impossible sinon soutenu par la foi puisqu’ « Il faut aimer ce qu’il n’a pas, et souffrir, ou avoir ce qu’il ne désire plus et s’ennuyer 5». « Souffrance de la passion, tristesse des couples 6 », mais aussi remords et amertume, parfois.

« Il n’y a d’amour heureux 7 » (Schopenhauer, Michel Houellebecq), au sens d’Eros, mais il n’y a toutefois pas de regrets, non plus, ce qui n’évite pas d’être malheureux dans la rumination caractérisant les remords mais alors sans doute vécus avec une moindre amertume.  L’ennui généré par le fait que le bonheur n’est pas durablement au rendez-vous comme espéré dans la dynamique du manque qui se veut libérateur de la souffrance due à la privation ne conduit pas nécessairement à être malheureux

« J’avais la possibilité, les capacités, le pouvoir, les moyens d’essayer : je l’ai fait, je n’ai donc pas de regrets ; mais ça n’a pas fonctionné. J’en garde des remords d’autant plus difficiles à vivre qu’est grande ma croyance en un être humain idéal, comblé en tout temps et en tous lieux, ce qui entretient un état d’amertume à la hauteur variable de mon manque d’acceptation de ma nature… ». « Même, les Princes et les Princesses font pipi et caca ».

 

            Eros : réponse au manque qui ne peut être que momentanée, illusion dans la non-acceptation de la nature et la condition humaines, frustration, regrets, amertume, donc parfois proximité avec la révolte, phénomène inadapté au vécu humain serein, qui est ce qu’il est, constat permanent à travers les expériences de vie depuis qu’un animal s’est redressé sur ses pattes de derrière pour mieux y voir et tisser, avec le temps, des liens relationnels de plus en plus ténus.

Eros : le plaisir qui peut conduire à l’ennui et la souffrance génère la peur de perdre et au-delà la haine.

Et si Eros avait toutefois du bon, en servant d’étincelle susceptible de déclencher un feu plus permanent, une flamme plus stable, régulièrement renouvelée, beaucoup plus de fond, de braises ; de moins en moins de flammes excessives ?

 

Ennui et peur de perdre

 

Philia selon Aristote et Spinoza

 

C’est Philia dont le fondement stable, comme ses productions, sont la joie, la réjouissance d’aimer : « Se réjouir de ce qui ne me manque pas », de ce que j’ai, d’être l’homme que je suis.

Il est donc possible d’aimer ce qui ne nous manque pas, tout simplement parce que l’on se réjouit et se contente de ce qu’on a, sans démission,ce qui semble avoir échappé à Platon mais pas à Aristote. Se contenter de trouver et d’éprouver de la joie, de l’affection, de la tendresse dans le sentiment simple de se sentir être et de se vivre totalement Homme tel que l’on est, avec ce que l’on a.

Les parents qui ont un ou plusieurs enfants ne souffriront jamais du manque de ne pas en avoir eu, ne devront jamais le compenser et trouver un argument pour s’en défendre. Ils se seront laissé aller dans la direction et le sens de la pulsion de vie, donc du prolongement de l’espèce ; ce qui n’exige pas d’énergie volontariste tout au contraire quand il s’agit de contrecarrer celle-ci avec les bonnes raisons habituelles : crise sociale, faillite du cadre de référence du vécu familial, crise économique, incertitude par rapport au futur… Pas de manque, pas de désir, pas d’énergie, oh que non ! Au-delà et qui grandit, une aspiration à la réjouissance dans la simplicité à portée de main : « Je sais que tu es présent, tu ne me manques donc pas, tu ne m’appartiens pas, tu n’es pas près de moi, je me réjouis tout simplement de savoir que tu es vivant ». Jouissance, réjouissance avec ce que l’on a, ce que l’on est, dans la manière dont on se comporte, avec ce que l’on a ou n’a pas, à garder pour soi ou à investir dans le partage, la complicité intime.

Philia, au-delà de l’amour passionnel, fait toucher au bonheur… par moment, avec une intensité juste, c’est sans doute ce qui, en partie, distingue la joie, l’enthousiasme de la passion. L’amitié particulière est Philia, réjouissance sans manque dans le partage et la complicité rehaussés, juste ce qu’il faut, de temps en temps, d’Eros comme catalyseur. En toute conscience, un au-delà à des relations souvent superficielles, limitées au « jeu social » avec des connaissances.

Les moments d’amitié, de joie, de satisfaction, de plénitude, de bonheur, de réjouissance comme réponse ou comme solution première pour éviter trop souvent la confrontation avec un manque non accepté. Non à l’évitement, la fuite, oui au bonheur tout simple de s’accepter comme un vivant, étant là en tant qu’être humain, se sentant présent dans l’acceptation la plus totale possible de sa nature, de sa condition, confiant en ce qui est, sans nécessairement espérer dans l’au-delà… mais pourquoi pas, si cela peut rassurer.

       Philia : l’acceptation de ce qui est, la puissance au lieu du manque – à l’image de l’appétit à ne pas confondre avec la faim – de ce que l’on a, sans démission, pour aller de l’avant, réjouissance, au-delà du simple plaisir de libérer l’énergie du désir – la jouissance –, moments de bonheur dans l’amitié.

       Philia : la joie d’aimer dans la sérénité.

 

« Souvent, en reniant le plaisir vous ne faites qu'accumuler le désir dans les replis de votre être.  

Qui peut savoir si ce qui paraît oublié aujourd'hui n'est pas dans l'attente de vos lendemains ?  

Votre corps, lui, connaît son hérédité et son juste besoin et ne voudra pas être déçu.  

Et votre corps est la harpe de votre âme.

Et il n'en tient qu'à vous d'en tirer une musique ravissante, ou des sons discordants » Gibran dans le Prophète.

« Aimer, c’est se réjouir » Aristote.

« L’amour est une joie qu’accompagne l’idée d’une cause extérieure » Spinoza.

 

Agapé selon Simone Weil, Jésus Christ

       Une très faible minorité d’êtres humains confirment des aspirations vers quelque chose de sublime par rapport au quotidien, de caché en eux, mais dont ils pressentent l’existence et ressentent l’attraction vivante par intuition, un amour pur, gratuit, sans retour… C’est Agapè.

       Agapè leur ouvre les bras :« Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Comment aimer ton prochain, si tu ne t’aimes pas ? D’abord, en t’acceptant en tant qu’être humain, dans ce qui caractérise tous les êtres humains dont comme n’importe qui, puis dans tes particularités, ensuite en t’aimant à travers tes actes, tes comportements. T’aimer toi-même comme si tu étais un prochain, donc un autre tout à fait neutre qui serait toi, par rapport à toi-même, et que tu aimerais… et alors « il devient possible d’aimer n’importe qui comme toi-même ».

       Aimer ce que tu es, un être humain fragile, limité, morte l; aimer ce que tu es en tant qu’être humain particulier: petit, grand, faible, costaud, rapide, lent… Aimer ce que tu fais de tout cela: les comportements que tu as, les actes que tu poses.

       Agapè, ce n’est pas le plaisir furtif généré par l’illusion de combler le manque, ce n’est pas la réjouissance induite par la présence, mais l’acceptation du manque sans démission, sans indifférence. C’est l’amour même au-delà de l’acceptation de ce qui est parce que c’est ainsi.  C’est la charité prônée par les chrétiens, « …c’est une amitié universelle parce que libérée de l’ego, libérée de l’égoïsme, libérée de tout 2 ».

       Agapè, c’est l’amour avec un grand A qui offre à l’autre, en tant qu’il est avant tout un être humain comme n’importe quel être humain « qu’on croise par hasard » (Comte Sponville), la liberté de faire de sa vie ce qu’il a le désir d’en faire, sans même se poser la question tellement ça coule de source, (si c’est avec moi, c’est très bien, si c’est sans moi, c’est tout aussi bien); c’est l’acceptation de son vécu d’être humain dans un relationnel sans conditions, c’est l’acceptation de tout parce que c’est ainsi. En acte, c’est se retirer, c’est « un amour qui renonce à exercer au maximum sa puissance, qui consent à exister moins afin qu’autre chose que lui – dont l’autre – puisse exister- un peu plus»

 Références

COMTE-SPONVILLE A., Pensées sur l’amour. Ed. A. Michel, Paris, 1998, p. 7.

 De BOURBON-BUSSET J., Bien plus qu’aux premiers jours. Paris, Ed. R. Laffont, Paris, 1998.

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